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Habitabilité : késako ?

L’habitabilité désigne l’ensemble des conditions inhérentes à la vie sur un territoire donné. Ainsi, elle peut être perçue comme la façon dont les individus s’approprient un espace, laissant leur empreinte, marquant le monde à leur manière, en somme, le processus par lequel ils se territorialisaient, lorsque l’opportunité leur en est offerte.

La notion concerne à la fois humains et non-humains (Descola) en ce que l’écosystème doit être habitable pour tous et non un lieu de résidence acceptable uniquement pour les humains. La différence s’entend dans la prise en compte de la qualité de vie globale en s’appuyant sur trois registres (Corneloup, Bourdeau, Bachimon et Bessy) :

  • Le premier, que l’on désigne sous le terme de géographicité, correspond à la relation existentielle entre l’homme et son habitat. Cette relation concrète tisse un lien indissoluble entre l’Humain et la Terre, façonnant son existence et son inscription dans un lieu.
  • Le deuxième registre est celui de la socialité, englobant les processus de sociabilisation et de socialisation.
  • Enfin, le troisième registre, la culturalité, évoque une culture de pratiques, des codes et des rôles, ainsi que l’existence d’une communauté culturelle.

En effet, un territoire habitable se révèle capable d’offrir au plus grand nombre un cadre de vie enrichissant, une qualité de vie appréciable, une hospitalité authentique, le tout en harmonie avec des écosystèmes durablement en équilibre et capables de répondre au mieux aux besoins fondamentaux du vivant, humains et non humains, en écho à la théorie du Donut de Kate Raworth où le seuil du plancher social est limité par le plafond environnemental.

Ainsi, l’intérêt de cette notion apparaît dans l’articulation des différents domaines de la vie : biologique, écologique, social, culturel, économique ou encore politique.

Entrant plus encore dans la complexité d’une conception globale du territoire, elle intègre plusieurs échelles : du micro au macro (des relations interindividuelles ou inter-espèces au niveau planétaire voire cosmique, pour reprendre Laurent Falaix).


Sources :

Introduction à la notion : geoconfluences.ens-lyon.fr

Corneloup, J., Bourdeau, P., Bachimon, P. et Bessy, O. (2014) . L’habitabilité récréative périurbaine. Sociétés, n° 125(3), 47-58.

Falaix, L. et Corneloup, J. (2017). Habitabilité et renouveau paradigmatique de l’action territoriale : l’exemple des laboratoires récréatifs. L’Information géographique, Vol. 81(4), 78-102.

Falaix, L. (2016). Géographie de l’intime, habitabilité et cosmogonies immersives. Sociétés, n° 134(4), 41-53.

Descola sur les rapports humain/non-humain : lejournal.cnrs.fr

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